Description du Rafale
Fleuron de la technologie aéronautique française, le Rafale est le premier avion de combat polyvalent puisqu’il réunit plusieurs types d’appareils en un seul, capable aussi bien de missions d’interception et d’interdiction que d’attaque au sol. C’est également le premier appareil à avoir été conçu, dès l’origine, pour opérer aussi bien à partir de la terre que de porte-avions. Le Rafale est actuellement sans équivalent dans le monde.
Les deux premiers Rafale (M1 et M2) qui ont été livrés à la Marine, à la base aéronavale de Landivisiau (Finistère), le 20 décembre 2000. Le 10ème Rafale a été livré en octobre 2002. Ces appareils ont constitué l'ossature de la flottille 12F.
Le 7 décembre 2004, le ministère de la Défense a confirmé la commande de 59 Rafale, dont 47 pour l'Armée de l'air et 12 pour la Marine. Il s'agit de 11 biplaces et de 36 monoplaces destinés à l'Armée de l'air et de 12 monoplaces pour la Marine nationale. Tous ces avions seront au standard polyvalent F3, dont le développement a été commandé en février 2004. Le standard F3 donne, entre autre, au Rafale la capacité d'emporter le missile nucléaire air-sol de moyenne portée amélioré ASMP-A, dont l'entrée en service est prévue pour 2008.
En avril 2006, 9 Rafale étaient basés à Landivisiau, appartenant tous à la flottille 12F.
Le 19 mai 2006, la Marine nationale a réceptionné son premier avion Rafale au standard F2, sorti des usines Dassault Aviation de Mérignac. La livraison du deuxième Rafale marine au standard F2 est prévue en octobre 2006, celle des 14 appareils suivants s’échelonnera sur les années 2007 et 2008.
D'ici 2015, les deux autres flottilles (11F et 17F) équipées de Super-Etendard, seront elles aussi passées progressivement sur Rafale. Une quarantaine d'appareils seront alors basés à Landivisiau.
Le Rafale Air au standard F2 a été
engagé dans l’édition 2006 du Tiger Meet. Au cours de cette première sortie
internationale, le nouvel avion de combat de l’AAF a fortement impressionné les
équipages des autres nations participantes.
Le Tiger Meet est un exercice de l’Otan qui réunit chaque année les escadrons
ayant pour emblème un tigre. L’édition 2006, organisée sur la base espagnole
d’Albacete, a rassemblé une cinquantaine d’avions de combat (et quelques
hélicoptères)venus de onze nations. On trouvait sur les parkings d’Albacete une
majorité de F-16 MLU, de F/A-18 et de Tornado, mais aussi dix appareils français
: l’escadron 1/12 « Cambresis » était venu de Cambrai avec six Mirage 2000 RDI,
tandis que l’escadron 05/330 « Côte d’argent » appartenant au CEAM de
Mont-de-Marsan avait fait le déplacement avec deux Mirage 2000-5 et deux Rafale
F2 biplaces.
CONTEXTE INTERALLIÉ
« Le Tiger Meet s’est beaucoup développé dans les années quatre-vingt-dix »
explique le colonel Mercier, chef du bureau Plans à l’état-major de l’armée de
l’air(1). « L’exercice, qui dure une semaine, est aujourd’hui d’un très haut
niveau et s’adresse exclusivement à des pilotes ayant la qualification chef de
mission. »
La venue des Rafale à Albacete, envisagée dès le début 2006 et résolument
appuyée par l’état-major de l’armée de l’air, a sans aucun doute été l’évènement
de cette édition. « Notre venue répondait à un double besoin » précise le
lieutenant-colonel Pagès, commandant du 05/330. « Il s’agissait en premier lieu
de vérifier la plus-value opérationnelle apportée par le Rafale dans un contexte
interallié complexe. Le CEAM et le 05/330 ont conduit l’expérimentation de
l’avion ces derniers mois et il était logique que nous nous intéressions
également au volet multinational, avec toutes les questions d’interopérabilité
qui s’y rattachent. L’autre but du déploiement était de valider le concept de
maintenance en réseau en dehors des frontières françaises »
Inutile de faire durer le suspens : le Rafale a magnifiquement rempli son
contrat, les équipes du 05/330 revenant d’Espagne avec la certitude de tenir un
avion parfaitement apte aux déploiements extérieurs.
IDENTIFICATION POSITIVE
Les appareils étaient chaque jour engagés dans deux missions: celle du matin
était un exercice de défense aérienne relativement classique ; le vol de l’aprèsmidi
regroupait une trentaine d’avions au sein d’une « Comao » (Composite Air
Operation), raid offensif lancé contre des objectifs terrestres ou maritimes.
Signe indubitable de la polyvalence du Rafale, les deux avions et leurs
équipages passaient sans sourciller des missions d’assaut (en simulant l’emploi
de missiles AASM) à la défense aérienne (avec les missiles Mica).
« Au-delà de cette polyvalence, le premier enseignement tient à la remarquable
qualité du système d’armes », souligne le LCL Pagès. « On a pu vérifier que la
fusion très poussée des capteurs nous offrait une supériorité importante dans la
connaissance des situations tactiques. Les équipages des Rafale pouvaient
obtenir l’identification positive de leurs objectifs à bien plus grande distance
que ceux des autres avions. Or, on sait très bien que les règles d’engagement
commandent de plus en plus souvent d’identifier un objectif avant de l’engager,
ce qui peut amener un appareil de combat à s’approcher à trois ou quatre
nautiques de sa cible. Avec le Rafale, on multiplie cette distance par trois,
quatre ou même plus dans certains cas, ce qui est un très grand facteur de
sécurité et de réussite. »
L’optronique secteur frontal (OSF) est particulièrement plébiscitée par les
équipages qui restent admiratifs de ses performances : « En ralliant l’OSF sur
les pistes données par son radar ou par un autre avion via la Liaison 16 un
pilote peut parfaitement identifier une force d’opposition à plusieurs dizaines
de nautiques de distance. Il va par exemple voir les deux Tornado et le F/A-18
qui s’apprêtent à pénétrer à 20000 ft et les trois autres F/A-18, très
reconnaissables à leurs dérives doubles, les protégeant à 40 000 ft. »
DISCRÉTION ET EFFICACITÉ
D’une manière générale, les capteurs du Rafale procurent une excellente
connaissance de la situation tactique autour de l’avion. « Au débriefing, on
pouvait dire précisément qui faisait quoi et à quel endroit » note le LCL Pagès.
« Les autres participants étaient très étonnés de la connaissance globale que
l’on avait de la situation (2). »
Ceci nous amène directement à la Liaison 16 (L16), indissociable de la «
révolution Rafale » et qui a elle aussi parfaitement joué son rôle au Tiger Meet.
On sait qu’avec cette liaison de données, les Rafale échangent entre eux des
informations sans placer un mot à la radio. Les équipages français rapportent
par ailleurs que tout au long de l’exercice, cette communication muette s’est
faite également avec l’Awacs de l’Otan. « L’Awacs n’a pu communiquer qu’avec
nous par L16 et ses opérateurs étaient ravis de notre présence » glisse un
pilote. « Au retour d’une mission très complexe, un pilote belge nous a dit que
l’on ne parlait pas beaucoup à la radio, mais que pourtant nous semblions bien
contrôler la situation tactique. Ce n’était pas faux… »
Un mot sur Spectra pour clore ce trop bref panorama.
Les Rafale du « Côte d’Argent » disposaient de la version définitive de
l’ensemble de guerre électronique. Soucieux de ne pas en dévoiler toutes les
capacités, les équipages n’ont pas utilisé le système au plus fort de ses
possibilités, évitant notamment tout emploi offensif. Mais le mode passif
d’écoute et de détection de la menace, avec la capacité d’interférométrie, a
largement été exploité. Les équipes techniques ont pu faire évoluer les
bibliothèques de menace pendant le Tiger Meet, tout en développant leur
connaissance de cet outil bien particulier. Le deuxième jour de l’exercice, le «
Comao » devait notamment s’attaquer à un site de missiles sol-air. En jouant des
capacités interférométriques de Spectra, de la puissance de l’OSF et de la
transmission de données par L16, les Rafale ont pu détecter, identifier et
détruire le site à longue distance en tirant « virtuellement » des missiles AASM
(3).
UNE CLASSE AU-DESSUS
Ce qui nous conduit tout droit à cette conclusion tirée de l’exercice par le
colonel Mercier, du bureau Plans: « Le Tiger Meet a confirmé que la portée des
moyens d’identification du Rafale est en cohérence totale avec la portée de ses
armements, Mica et AASM. Avec son armement modulaire et les possibilités
offertes par la fusion de données, notre appareil va pouvoir traiter des cibles
maritimes ou terrestres à distance de sécurité, avec une identification
positive.Il n’y a plus grand-chose que l’on ne puisse pas faire avec cet avion…
»
Conclusion de la conclusion : avec plusieurs années d’avance sur lui, le Rafale
est clairement de la classe du JSF (alias F-35) américain. Un niveau au-dessus
de l’Eurofighter, qui a lui aussi, soit dit en passant, brillé dans l’exercice.
Mais uniquement par son absence…
Henri Hémon (journaliste indépendant)
(1) Ancien commandant du 1/12 « Cambresis », le colonel Mercier reste à ce titre
membre de la « communauté tigre ».
(2) Il est encore trop tôt pour tout dévoiler et les pilotes français n’ont pas
souhaité révéler la totalité des capacités de leur avion…
(3) Le missile AASM n’est pas encore entré en service dans l’armée de l’air,
mais les conduites de tir des Rafale F2 permettent déjà d’en simuler l’emploi
dans des scénarios airsol et même antinavire. L’AASM est un armement très
novateur qui a dérouté par ses capacités les participants étrangers du Tiger
Meet (cf. encadré sur l’AASM)!